09 juin 2022, 12h40 par Paul Fournel
Vingt ans après
L’aéroport a changé. Il est plus grand et il ressemble désormais aux aéroports qui ne ressemblent pas à leur pays. Qui ne ressemblent qu’à des aéroports. Je reconnais le terminal 1 avec son tuyau géant au-dessus de l’entrée. A l’intérieur il y a de la place. Presque perdue on...
Voir plus →
24 janvier 2022, 10h08 par Louise Desbrusses
sauter dans l'inconnu les yeux ouverts.
(ou y être poussé).
ce qui a lieu est inédit, au sens de « qui est entièrement nouveau, non expérimenté ou éprouvé ».
ce qui a lieu est inouï, au sens de « qu'on n'a jamais entendu auparavant ».
ce qui a lieu est inconcevable, au sens de « qui ne peut être...
Voir plus →
03 janvier 2022, 07h52 par François Matton
Puissions-nous en 2022 faire attention à l'intervalle entre le marchepied et le quai, à celui entre deux pensées, entre une page et la suivante, entre moi et mes voisins, entre l'inspir et l'expir, entre les branches, entre les parpaings, entre deux pets, entre soi.
Voir plus →
04 janvier 2022, 13h27 par Patrice Robin
En repensant à Paul en ce début janvier 2022, 4 ans après sa mort, c’est de l’éditeur dont je me souviens bien sûr, mais aussi de l’auteur de Sablé-sur-Sarthe, Sarthe et d’Editeur, les deux films qu’il avait réalisés en 2007 et 2017. J’avais été surpris d’apprendre que, lycéen, il s’était rêvé...
Voir plus →
09 septembre 2021, 21h41 par François Matton
L'été on part en vacances. On quitte un moment nos repères. C'est une expérience agréable, légère parce qu'on sait que cet éloignement de notre cadre de vie n'est que temporaire. Après les vacances on retrouvera notre appartement, nos amis et tout ce qui fait notre identité. Donc pas...
Voir plus →
26 janvier 2021, 21h09 par Édith Msika
La flamme de la princesse Diana, grosse crème glacée dorée, occupe le carrefour. Elle est morte dans le tunnel de nos illusions : trop beau, trop théâtral. Morte dans un tunnel sale, peu avant le tournant du millénaire, mais on ne savait pas que c’était un tournant, seul son chauffeur le savait,...
Voir plus →
21 septembre 2020, 14h08 par Frédérique Berthet
Petite fille, Marceline s’amuse de Chaplin et de Shirley Temple.
Jeune femme, elle fréquente la Cinémathèque, apprend à placer son corps et à poser sa voix, sur les planches du cours Simon ou à la terrasse du Old Navy.
Elle entre au cinéma en mai 1960, presque par inadvertance, déjà avec
prestance...
Voir plus →
01 septembre 2020, 18h30 par François Matton
Que se passe-t-il quand on est conscient et qu'il n'y a pas de rumination, pas d'histoire, pas de projection ? Il se passe qu'il y a conscience, sans la revendication réflexe que c'est moi qui suis conscient. Il y a naturellement conscience des bruits, de la lumière, des pensées et sensations...
Voir plus →
24 juin 2020, 11h28 par Mary Dorsan
Un soignant excédé, poussé à bout, peut malheureusement, en venir à cracher sur un patient : je l’ai fait. J’ai écrit mon regret, ma honte, ma culpabilité dans un livre Le présent infini s’arrête (POL, 2015). Mais aujourd’hui il ne s’agit pas de moi : il s’agit d’autres soignants, d’autres...
Voir plus →
04 juin 2020, 14h09 par Jean-Benoît Puech
LE JEU DES TRANSPOSITIONS
Revaison ne voulait pas seulement faire croire au héros de son roman, mais aussi à l’existence de la personne qui l’avait inspiré, alors qu’il inventait les deux en même temps.
Pierre-Alain Delancourt, Mirage des sources, Delaunay, 1986.
Benjamin Jordane
Rédemption...
Voir plus →
18 mai 2020, 15h32 par Frédérique Berthet
Une ado qui grogne au moment du repas, j’ai mal au pied je reste dans ma chambre, un cachet contre la douleur, un dîner pris sur le pouce pour tenter de profiter malgré tout de la soirée, un appel à travers les étages souci voilé on monte, ça prend une tournure pas joli joli, douleur qui vrille,...
Voir plus →
14 mai 2020, 17h12 par Louise Desbrusses
Ce matin tes volets étaient fermés. Tu ne fermes jamais les volets. Tu m'avais dit : je fermerai les volets. Les volets étaient fermés. Tu es donc partie. Tu as fermé les volets. S'ils t'avaient arrêtée chez toi, avant ton départ, tu n'aurais pas fermé les volets, non ? Malgré tout j'ai eu peur....
Voir plus →
14 avril 2020, 15h36 par Suzanne Doppelt
Ce texte est une commande de la Fondation Jan Michalski.
Ouvrir une fenêtre c’est dessiner un cadre, à travers on regarde une partie du monde et ses histoires, une feuille d’air solide grande ouverte elle laisse passer le vent et les odeurs, un tableau de plus sur les murs de la chambre, des...
Voir plus →
07 mai 2020, 08h43 par Mary Dorsan
Elle pédale, c’est sensationnel, elle pédale, c’est sensationnel que de pédaler quand on croyait qu’on n’avait plus le droit de pédaler. Le vent dans les cheveux, les cuisses qui chauffent, la selle dure entre les jambes qu’il est doux de pédaler. Cela faisait un mois et demi qu’elle ne pédalait...
Voir plus →
21 avril 2020, 22h12 par Louise Desbrusses
Suite à la création du ministère du Mieux-Être, les gens ont enfin cessé de mourir. Ils étaient désormais, selon les textes en vigueur "dématérialisés". Plus d'agonie, plus de funérailles, de crémation ou d'enterrement. A la place, les proches recevaient une clef USB ou un disque dur, selon le...
Voir plus →
28 janvier 2020, 14h19 par Jean-Benoît Puech
MATINÉES DU JORDANE-CLUB
Extrait du compte-rendu de la séance du 20 janvier 2020.
Pour le prochain Bulletin.
[…]
Yves Savigny présente ensuite un nouvel inédit de Jordane. C’est un brouillon manuscrit (recto-verso) sur quatre pages volantes de format 21 x 29, 7 pliées en deux, qui porte...
Voir plus →
16 janvier 2020, 21h21 par François Matton
Il y a bientôt douze ans, j'ai eu une brutale rupture d'anévrisme cervical. Coma, plein de sang dans la tête, on me tenait pour mort. Même après l'opération du dernier espoir à la Pitié-Salpêtrière, le neuro-churgien a dit à Anne : "L'opération s'est bien passée, mais on ne vous cache pas que la...
Voir plus →
25 septembre 2019, 15h10 par Liliane Giraudon
Lui
Mon cœur est à vous, je n’ai jamais cessé de vous aimer…
Elle
Ha bon ?... Je n’ai rien vu.
Lui
C’est que votre vue baisse. Ou alors c’est pire.
Elle
Puisque c’est ça, sortez le ce cœur et mettez-le sur la table. Qu’on y voit clair.
Lui
Parfait. Vous l’aurez voulu. Passez-moi ce couteau.
Elle
Tenez. Ce...
Voir plus →
02 avril 2019, 18h51 par Elisabeth Filhol
J’ai cinq ou six ans, la fenêtre de ma chambre s’ouvre sur un volcan, on me dit qu’il est éteint, je n’y crois pas. On habite au du cœur Massif Central, à Aurillac. Mon père est professeur certifié au lycée technique, il enseigne dix-huit heures par semaine la mécanique, le dessin industriel, le...
Voir plus →
03 juillet 2017, 07h08 par Mary Dorsan
Elle a emménagé dans cet appartement de location au deuxième étage d’un immeuble de briques grises pour trois semaines : la durée prévue pour les travaux de rénovation dans son propre logement, un peu sombre, en rez-de-chaussée, sur cour intérieure, d’un immeuble de briques rouges.
L’appartement...
Voir plus →
14 juin 2017, 21h11 par Jean-Benoît Puech
JORDANE CLUB
BULLETIN DE L’ASSOCIATION DES LECTEURS ET AMIS
DE BENJAMIN JORDANE
Séance du 2 mai 2017. Présents : Marianne Alphant, Jan Baetens, Jacky Couratier (président), Ariel Denis, Thierry Fourneau, Jean-Paul Hirsch, Pierre Lecœur, Michel Lhéritier, Fabrice Madre, Jean-Marie de Marelle,...
Voir plus →
25 avril 2017, 10h17 par Louise Desbrusses
tailler Flaubert en pièces est un plaisir.
tailler Flaubert, au sens propre : l'attaquer au cutter, la veille du premier jour de l'atelier avec les élèves de seconde. depuis quelques jours j'y pensais. le dimanche 22 janvier 2017, je suis passé à l'acte.
tailler Flaubert en pièces est un...
Voir plus →
30 mars 2017, 21h13 par Charles Pennequin
Papi aime dvorak, disait mamie, papi son disque préféré c’est dvorak, c’est ce que disait mamie, et fallait pas la contredire là-dessus, alors que pour ma part je n’ai jamais vu papi mettre un disque de dvorak et l’écouter, à la rigueur je l’ai vu écouter un disque de dvorak, comme ça, sans...
Voir plus →
29 janvier 2017, 08h52 par Patrick Varetz
Ce matin, au réveil, Facebook a souhaité fêter avec moi un semblant d’anniversaire : cela fait paraît-il neuf ans, jour pour jour, que j’ai rejoint le réseau. Pour l’occasion, une espèce de robot — pour ce que j’en imagine, un programme ciblé s’exécutant de lui-même — s’est ingénié à réaliser à...
Voir plus →
29 janvier 2017, 14h16 par Louise Desbrusses
15 octobre 2000, washington dc, dernière étape américaine de la première marche mondiale des femmes avant New-York pendant la campagne présidentielle. il fallait être américain pour comprendre le galimatias de georges w. bush : ce n'était pas à l'intelligence (pas même à l'intelligence...
Voir plus →
04 septembre 2016, 21h21 par Édith Msika
C'est une femme dont le corps s'est empâté. Elle finit de déjeuner d'un sandre au Reuilly, paye et récupère la bouteille qu'elle a fait remplir d'eau et mettre au frais durant son repas.
Au bout de la terrasse prolongée d'un jardin auquel on accède par une ouverture ménagée dans un muret, la...
Voir plus →
28 mars 2016, 08h34 par Liliane Giraudon
Un jour j’ai rêvé que j’étais mon frère et ma sœur. Nous jouions ensemble. Nous jouions à nous tuer parce qu’il était d’usage qu’un frère tue sa sœur mais comme j’étais aussi ma sœur la partie n’en finissait pas.
Le frère parlait sans cesse d’usus qu’il ne fallait pas confondre avec abusus.
L’usus...
Voir plus →
16 juin 2015, 09h42 par Édith Msika
1
J'envisage de prendre des nouvelles d'Akuybt et puis j'oublie. Notre mode est le peu, nous nous voyons, peu, nous nous téléphonons, peu, nous nous envoyons des mails, peu. Nous usons du peu sans aucun but. Nous construisons de la conditionnalité sans mesure.
D'autres fois nous nous...
Voir plus →
15 décembre 2014, 08h50 par Édith Msika
dans l'amplitude de son dos, développé charpenté, le battement reste homogène, vouh, vouh, vouh, elle écarte les bras et les ramène, géants, son ventre sous l'eau tendu, le haut du torse jaillit, ses ailes se rabattent touchant aux bords du bassin ; elle est un animal lisse au dos creusé,...
Voir plus →
12 octobre 2014, 20h39 par Louise Desbrusses
transatlantique #3
en 2000 j'ai fait douze autoportraits, un par mois, dans la cabine automatique de photographie d'identité isolée de l'extérieur par un rideau du monoprix de la rue saint-antoine ; chaque fois j'ai collé une des quatre photos sur une nouvelle carte de transport en commun. en...
Voir plus →
26 août 2014, 11h19 par Jean-Jacques Viton
pour Saskia et Jacques
1
sur le site des fouilles
abriter les traces bout à bout
dans les rajouts de sens
parcourir ne dit pas longs parcours
mais ici et là de carré à carré
rassembler les pièces à conviction
il faut extraire de l’eau
non seulement des rochers
mais aussi du...
Voir plus →
11 août 2014, 10h21 par Liliane Giraudon
Il dit et répète que le caractère destructeur est la fiabilité même.
Alors c’est aussi bien. Je vais retourner dans ce village et j’y vivrai avec un chien. Il sera noir et la nuit il dormira sur le sol de ma chambre.
Je n’emporterai avec moi qu’une poignée de livres. Des dictionnaires.
Ils...
Voir plus →
29 avril 2014, 09h44 par Charles Pennequin
quand j'étais petit j'aimais les gens. j'aimais leur contact. j'aimais les nouveaux gens. ceux qu'on croisait dans le sud pendant les vacances. j'aimais leur sourire. leur accent. leurs paroles. je comprenais rien mais je les sentais. ils avaient tous une odeur inconnue. les femmes d'un certain...
Voir plus →
27 novembre 2013, 13h27 par Patrick Varetz
L’amour. Je crois que cette ombre, sans forme, travaille sans relâche à creuser le vide sous mon existence. Cela s’apparente à un tiraillement sourd, et parfois à une gêne dans la gorge et derrière les yeux, une faim impossible à rassasier. Ce n’est jamais dirigé contre quelqu’un en particulier....
Voir plus →
25 septembre 2013, 15h23 par Jean-Jacques Viton
(…)
au dessous des portiques du quai un miroir géant
renvoie inversés les passants effet boule de verre
impression reçue par le vaporetto sentinelle du rivage
s’alignent des blockhaus démolis sous le tag ...
Voir plus →
19 septembre 2013, 15h18 par Liliane Giraudon
« La scène européenne est devenue un dépotoir hanté par les idées ratées et envahies par des pillards culturels, l’armée qui profite de sa propre défaite »
Edward Bond.
Un homme. C’est à dire le metteur en scène.
Une femme. C’est à dire celui ou celle qui écrit pour le théâtre.
L’homme...
Voir plus →
02 juin 2013, 09h29 par Célia Houdart
De la chambre que j'occupais chez mes parents, près de la place Pigalle, je pouvais voir un petit hôtel particulier avec un jardin de buis taillés à la française et un grand atelier. Nous habitions un dernier étage. J'aimais regarder l'atelier d'en face. Un lustre éclairait d'une lumière un peu...
Voir plus →
29 octobre 2012, 17h27 par Nicolas Bouyssi
Nn. ne veut pas mourir. La foule de gens qui l’entoure chaque jour a beau insister, il refuse — non qu’il cherche à énerver qui que ce soit (c’est un garçon poli), mais il a toujours refusé. « Mais enfin, lui dit-on, même votre femme et votre enfant sont là, tout le monde est d’accord,...
Voir plus →
14 octobre 2012, 15h26 par Sébastien Brebel
J’écris ces phrases sur un carnet étrange, avec le pressentiment qu’elles n’en sortiront pas indemnes. Posé sur la petite table de marbre beige, placé en évidence comme pour attirer le regard du visiteur, je l’ai remarqué tout de suite en entrant dans le salon. Je ne suis pas rapide et mes...
Voir plus →
14 octobre 2012, 10h28 par Nicolas Bouyssi
Peu de mois après son anniversaire, alors qu’il vient d’avoir trente-six ans, le philosophe Octave Wiggh éprouve les premiers symptômes de ce qu’après coup il va appeler, dans son deuxième livre, une bouleversante révélation morale. Pour l’avoir longuement fréquenté, et puisque dans ma vie...
Voir plus →
12 mars 2012, 12h35 par Sébastien Brebel
Pour Alain Girard-Daudon
Elle habite une villa face à la mer et elle doit se rendre à un enterrement. Elle porte une robe noire de coupe élégante et tient un sac à la main. Elle est jeune et distinguée. Elle est seule et mélancolique. Elle se tient près de la baie vitrée, immobile. Son corps...
Voir plus →
23 janvier 2012, 11h12 par Sébastien Brebel
- Je ne sais pas qui tu es
Et d’ailleurs je n’aurais pas la sotte prétention de chercher à te connaître, je suis irrésistiblement attiré par toi et cela suffit à me rendre heureux, à l’instant où je t’ai vue pendue aux bras d’un autre je me suis senti veuf et stupide et j’ai cessé de m’estimer,...
Voir plus →
23 janvier 2012, 20h15 par Édith Msika
C'est un petit livre parfait. Il tend les bras, des petits bras de livre. Pris dans ses mains il biche ; (pourtant) ils sont nombreux sur le rayon, mais c'est lui qui a été pris, lui seul, par les mains qui prennent (depuis longtemps).
Ses couleurs, le nom (qui est) inscrit, l'ensemble de ses...
Voir plus →
02 janvier 2012, 16h46 par Sébastien Brebel
Combien de temps êtes-vous resté dans l’appartement ?
C’est difficile à dire, une semaine, un mois, peut-être plusieurs mois, je n’arrive pas à me souvenir précisément.
Voulez-vous dire que vous n’êtes pas capable de faire la différence entre une semaine et plusieurs mois ?
Non, je...
Voir plus →
14 novembre 2011, 21h53 par Julie Douard
Le corps de l'homme n'est -il faut le savoir- rien de moins qu'une merveille naturelle. Mais le corps de l'homme, attention, ne s'est pas fait en un jour. Non. Il a fallu des trésors de patience à qui voulait le contempler pour le voir enfin arriver, beau et fier sur ses deux pieds. Le corps de...
Voir plus →
14 novembre 2011, 20h39 par Charles Pennequin
nous étions des âmes simples, des petites âmes de pauvres, des petites gens, des gens de petite fortune, des âmes pas grandement compliquées, de la petite mitraille, de la misérable bière, du populo très tranquille, pas méchant pour un sou, du petit peuple sans soucis, nous étions des petites...
Voir plus →
09 novembre 2011, 09h37 par Liliane Giraudon
Max Jacob. Max Jacob à Quimper le 12 juillet 1876. Il est né Max Jacob, sous le signe du cancer. Max Jacob enfant, pratiquant les cartes, les charades et la pincette. Max Jacob créateur de spectacles de Guignol dans une famille juive athée. Max Jacob et les merveilleux cantiques bretons. Max...
Voir plus →
19 septembre 2011, 09h21 par Charles Pennequin
j’ai quatorze ans et je me regarde dans la glace, je me regarde je veux avoir une gueule comme lui, la même bouche, le même regard, toi tu me dis qu’il est vraiment moche, je n’ai vraiment pas compris et ça m’est resté des heures à me demander pourquoi tu le trouvais si laid alors qu’il était si...
Voir plus →
18 septembre 2011, 07h16 par Patrice Robin
On appelle surhumaines les tâches que les hommes mettent longtemps à accomplir, voilà tout.
Albert Camus, Les Amandiers.
J’ai souvent entendu parler dans mon enfance d’une explosion de machine à vapeur lors d’un battage de blé à Beaulieu, le bourg de l’ouest où mes grands-parents maternels...
Voir plus →
02 août 2011, 13h27 par Aiat Fayez
Hontalan
Pour Ilija Jovanovic
Je reste quelques jours à Budapest avant de partir vivre à Vienne. Je dois passer au consulat de mon pays natal pour renouveler mon passeport. J’ai tout mon temps pour me préparer : le consulat n’ouvre que dans l’après-midi. Je me rase le visage avec ma Gillette...
Voir plus →
27 juillet 2011, 14h37 par Édith Msika
La Réunion de Candara
Personne ne l'intéresse en particulier, Candara. Seul le chiffre l'intéresse, comment faire le chiffre. De nombreux petits soldats du post-capitalisme n'ont comme repère essentiel que le chiffre, comme celui qui était brodé sur leur pyjama petit, ou sur leur doudou. Le...
Voir plus →
24 juillet 2011, 20h21 par Jean-Benoît Puech
Le lecteur découvrira-t-il, à travers ce résumé, ce qui nous est apparu à la lecture du texte intégral ? Ce roman est en réalité la transposition et la modernisation d’un des grands classiques du cinéma d’aventures.
L’Éternel Détour
Le Cargo du crépuscule, de Dominique Maurier (1962).
[1] Été...
Voir plus →
13 juin 2011, 17h31 par Eric Meunié
Alex, je l’ai regardé si souvent, que je le reconnaîtrais de trois quart, de dos, et même à l’oreille, par la métrique de son pas. Au jardin des plantes, juste lui et moi à ce moment-là sur l’esplanade, par la sortie oblique choisie de concert (sans le vouloir), selon des diagonales et des...
Voir plus →
13 juin 2011, 21h30 par Édith Msika
C'est qu'on te regarde. On te regarde et on pense des choses en te regardant. Peut-être. Ils se regardent sur le quai et chacun pense. Pensifs, ils regardent dans le vague. Ils ne pensent plus, alors. Ils regardent dans le vide. On ne sait pas ce qu'ils regardent.
Regarde, on te regarde. Mais...
Voir plus →
12 mai 2011, 21h09 par Eric Meunié
(Oui Isabelle, c’est un flingue gros comme ça que le gars m’a collé contre la tempe. Un petit calibre en fait, mais la peur fait loupe.)
On avait vandalisé une affiche de cinéma, une de ces immenses affiches, sur la plus belle avenue du monde, à trois ou quatre heure du matin.
Grimpés sur un...
Voir plus →
04 mai 2011, 22h15 par Charles Pennequin
j'ai abandonné le style ce matin même, je me suis dit ça, ça faisait longtemps que ça germait, mais là j'étais dans cette petite chambre sans rien faire, juste attendre, à côté de la fenêtre, attendre qu'elle arrive et elle arrivera pas, c'est sûr, du coup je me suis mis à penser, ce n'est pas...
Voir plus →
10 avril 2011, 15h15 par Édith Msika
Il n'y aurait plus d'imagination. Il y a de la dictature. Je recommence. Je traiterais du sexe aujourd'hui. J'en traite, j'en fais un traitement, une conférence, une circonférence, si je veux. Je le veux. Je ne veux rien, je marche à très petits pas dans une chambre d'hopital pâle. Je ne marche...
Voir plus →
07 avril 2011, 19h51 par Liliane Giraudon
Maïakovski c'est-à-dire Vladimir ou Volodia. 1893 année de «L’après midi d’un faune » naissance de Maïakovki en Géorgie. Maïakovski enfant caucasien. Ludmila et Olga les sœurs ainées de Maïakovski. La passion de Maïakovski pour les cartes, les dominos et le croquet. Konstantin le petit frère...
Voir plus →
29 mars 2011, 08h16 par Édith Msika
Je mets des cartes postales à droite à gauche. Je suis tellement triste que je place des cartes postales là, là et là. C'est un geste assez stupide, je ne suis pas perdue au point de ne pas voir que c'est idiot. Certaines de ces cartes, trop longtemps exposées au soleil, ont perdu leur encre....
Voir plus →
23 mars 2011, 17h50 par Nina Yargekov
J’essaie d’être courageuse autant que faire se peut. De tirer les fils jusqu’au bout, tous les fils. Quitte à en couper certains ensuite, ce n’est pas le problème. Tant qu’ils ont été déroulés. C’est un livre de justice, au sens propre, au sens figuré.
J’avance. Parfois je freine...
Voir plus →
18 janvier 2011, 20h52 par Édith Msika
Il a dit, le travail. Il a dit autre chose avec, le travail. Il a dit, je n'ai plus de mémoire, je ne me souviens plus, il a dit. Il a dit, quand il va revenir c'est à ce moment c'est toujours à ce moment que je me souviens, mais même pas. Il a parlé du travail, il aurait dit que le travail, oh,...
Voir plus →
07 novembre 2010, 09h23 par Charles Pennequin
Nous avons eu raison de vivre dans cette époque. Heureusement que nous y sommes. Car mon petit doigt me dit que nous allons avoir du travail. L’époque tourne au vinaigre. Il y a trop de mysticité autour de l’époque. Et la mysticité, c’est la manière de rendre aveugle. Se rendre aveugle face à...
Voir plus →
07 novembre 2010, 10h19 par Édith Msika
L'insistance des objets à se manifester incite Ignace à en choisir un pour se débarrasser des autres. L'homme est méthodique, ordonné, sourcilleux, peu amateur de digressions. Donc il choisit. Méticuleusement, lentement, en réfléchissant. Il ne choisit pas vraiment, il détruit mentalement ce...
Voir plus →
24 août 2010, 15h55 par Charles Pennequin
je cherche de la parole vraie
ne vous moquez pas
la parole vraie existe
il faut la traquer
il faut la débusquer la parole vraie
on ne la débusque pas comme ça
il faut du temps pour trouver de la parole vraie
il faut être un chercheur
je me fais chercheur de parole vraie
j’examine la...
Voir plus →
12 août 2010, 22h17 par Aiat Fayez
F. arrive au village tôt le matin. Il pleut. On entend les vagues de l’océan s’écraser sur la plage, pas loin. Il n’y a personne dehors, excepté un berger qui accepte finalement de le conduire jusqu’à son gîte. Arrivé devant la maison, F. hoche la tête en guise d’approbation et glisse dix euros...
Voir plus →
11 août 2010, 09h50 par Édith Msika
Annabelle debout s'arrête quelques instants devant Emmanuel dont elle a heurté le corps.
Une rencontre dans un parc de ville. Au bord, un restaurant très vitré.
Elle retrouve quelqu'un, ou plutôt elle tombe dessus : il est à terre.
Elle ne le reconnaît pas d'abord, il a changé.
On ne peut...
Voir plus →
18 juin 2010, 10h35 par Jean-Benoît Puech
Une vie de Jordane
À propos d'Une biographie autorisée,
d'Yves Savigny (P. O. L, 2010)
[Deuxième version. On peut lire la première dans « L’Atelier » du 26 avril 2010]
À Marianne Alphant
« Chacun ne connaît de sa vie que le roman qu’il s’en fait. »
Pierre Bettencourt,...
Voir plus →
18 juin 2010, 13h18 par Édith Msika
Je me suis trompé, à raconter de petites histoires. Je les avais vus, eux, les grands, éparpillant minutieusement leurs pensées en radicelles éblouissants. J'avais peur; je me calfeutrais. J'avais soif; j'ébouriffais mes cheveux. J'avais la prescience que la ville et ses habitants étaleraient...
Voir plus →
10 mai 2010, 18h43 par Édith Msika
Nous avons extraordinairement bien mangé, dans un silence quasi-religieux, côte à côte. On nous a nourris, difficile de faire mieux après. Morceau après morceau, nous avons ingurgité, mâché, dégusté, remâché, séparé, sectionné, enfilé. L'intensité de la présentation de ces petits contenants...
Voir plus →
07 mai 2010, 20h49 par Jean-Jacques Viton
MANIÈRES
tous les moyens sont bons pour être parmi vous
9.
il est très incivil de saucer
les morceaux de viande dans le plat
à mesure qu’on les mange
il l’est encore plus de tremper
son pain dans la sauce
et encore bien plus d’y tremper
et le pain et la viande
après les avoir...
Voir plus →
06 mai 2010, 08h23 par Jean-Jacques Viton
MANIÈRES
tous les moyens sont bons pour être parmi vous
8.
on ne doit pas se servir de la fourchette
pour porter à sa bouche des choses liquides
quand on prend le potage avec la cuillère
il ne faut pas trop la remplir il faut
en la tirant hors de l’écuelle du plat ou de l’assiette
...
Voir plus →
03 mai 2010, 19h23 par Jean-Jacques Viton
MANIÈRES
tous les moyens sont bons pour être parmi vous
6.
à table on doit se servir
d’un couteau d’une cuillère d’une fourchette
d’un gobelet et d’une serviette
c’est à la personne la plus importante
de déplier sa serviette la première
les autres attendent avant de...
Voir plus →
26 avril 2010, 12h11 par Jean-Benoît Puech
Une vie de Jordane
À propos d’Une biographie autorisée, d'Yves Savigny
(P.O.L, 2010)
À Marianne Alphant
Yves Savigny et moi avons dirigé le Cahier Benjamin Jordane n° 1, un ensemble de textes en hommage à l’écrivain français, paru en 2008 aux éditions Champ Vallon.
Peu après, mon...
Voir plus →
14 février 2010, 21h29 par Patrice Robin
Un dimanche glacé de janvier 1972, je me promène avec mon ami R sur une plage de Noirmoutier. Il parle de son travail chez Heuliez, de la chaleur, du bruit des meules, de l’épuisement, des chefs, de la crainte, dit que les ouvriers de son atelier ont une quarantaine d’années, que certains sont...
Voir plus →
24 janvier 2010, 15h19 par Nicolas Bouyssi
Depuis une semaine, il faisait tellement froid chez moi que je ne parvenais plus à marcher normalement. Je me pliais, je me voûtais. J’avais beau accumuler les couches de pulls, de tee-shirts et de chaussettes en me réveillant, rien n’y faisait, je n’arrivais pas à me réchauffer.
Ce matin-là,...
Voir plus →
10 janvier 2010, 15h51 par Liliane Giraudon
Commande du metteur en scène Geoffrey Coppini pour Last Company (cette pièce sera présentée dans le cadre du festival international des Arts et des Ecritures Contemporaines,
actOral 9)
Acte Vegas revisite le trio Macha/Trigorine/Nina de « la Mouette » de Tchékhov. Déplacé pour être repiqué (au...
Voir plus →
04 janvier 2010, 10h50 par Marie Redonnet
Une grande maison, claire, aérée, multiple. Je l’ai construite pierre par pierre. Le chantier dure depuis longtemps. Je ne l’ai pas encore achevé. Il m’en coûte en effort et en argent. Je m’y acharne malgré les obstacles. Que de désagréments et d ‘imprévus j’ai rencontrés depuis que le...
Voir plus →
08 novembre 2009, 00h00 par Charles Pennequin
Je suis libre de faire ce qu’il me plait au Mans. C’est ce qu’elle me dit. Elle me dit aussi si je veux je dis des choses mal, des choses je veux dire si je veux je dis c’est pas bien. Le Mans c’est moche. Il pleut tout le temps, les ruelles sont encore pleines de boue, on n’a rien nettoyé...
Voir plus →